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Rétrospective 2014 : une grande année géopolitique pour la Russie

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Le maître du Kremlin fut l'un des grands acteurs de la géopolitique mondiale  en 2014. Son rôle dans la crise ukrainienne a entraîné une réaction de l'Occident qui, conjugué à la conjoncture économique de la fin d'année, met à mal l'économie russe.
Le maître du Kremlin fut l’un des grands acteurs de la géopolitique mondiale en 2014. Son rôle dans la crise ukrainienne a entraîné une réaction de l’Occident qui, conjuguée à la conjoncture économique de cette fin d’année, met à mal l’économie russe.

L’année 2014 a vu un retour remarqué de la Russie au centre des tensions géopolitiques mondiales. Vladimir Poutine, le chef d’orchestre implacable et brillant de la stratégie russe envers son étranger proche, faite d’un mélange d’intimidation et de chantage économique, y est pour beaucoup. Le président russe a en effet entraîné son pays dans une guerre en Ukraine, annexé la Crimée, pesé sur les élections moldaves, poursuivi la construction de l’Union douanière, continué à influencer la politique des pays du Caucase ou encore annoncé il y a quelques jours que l’ « OTAN était une menace fondamentale pour la sécurité de la Russie ». Pour plusieurs commentateurs américains, l’année 2014 marque le retour d’une certaine manière de faire de la géopolitique : la Russie renouerait avec une géopolitique du XIXème siècle en remettant au goût du jour des rapports de force et une rhétorique que l’on croyait disparus depuis 1945.

L’événement principal de l’année 2014 pour la géopolitique russe est bien entendu le conflit ukrainien et l’annexion de la Crimée. Depuis le début de la crise et le renversement du président Ianoukovitch en février, le gouvernement russe n’a eu de cesse de déstabiliser la partie est du pays et de profiter de la situation pour renforcer son influence sur les populations russophones de la région. Le soutien logistique, financier et technique aux milices prorusses du Donbass, autour de Donetsk et Lougansk, a été accompagné de pressions économiques et militaires sur le nouveau gouvernement de Petro Porochenko. La lutte diplomatique avec l’Occident qui a suivi n’a d’abord eu que peu d’impact sur la Russie : indignation rhétorique et sanctions économiques n’ont dans un premier temps pas eu l’air de déstabiliser le régime de Moscou qui a annexé la Crimée le 18 mars 2014 et poursuivi son soutien aux sécessionnistes du Donbass. Cependant, en fin d’année, avec la chute du prix du pétrole qui a suivi la décision de l’OPEP – et en particulier de l’Arabie Saoudite – de ne pas diminuer sa production, l’économie russe a beaucoup souffert de la perte de valeur de sa rente énergétique : au passage à 2015, le rouble aura perdu plus des deux tiers de sa valeur de fin 2013 par rapport au dollar.

Mais le dossier ukrainien n’est pas le seul qui a vu la Russie faire preuve d’initiatives géopolitiques remarquables en 2014 : on peut en effet constater que Moscou a essayé de renforcer son influence sur la totalité de son « étranger proche », avec plus ou moins de succès.

En Moldavie, dont une province – la Transnistrie – est de fait sous contrôle russe, l’échec des pressions de Moscou s’est manifesté dans la courte avance des partis pro-européens aux élections législatives de novembre. Les jeux olympiques d’hiver de Sotchi en février 2014 ont mis en avant les tensions géopolitiques dans le Caucase où les Républiques sécessionnistes d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud sont sous perfusion russe, alors que le conflit tchétchène continue de faire des dizaines de mort tous les mois – 24 personnes ont été tuées à Grozny le 4 décembre dernier dans une attaque d’insurgés. Au niveau économique les relations au sein de l’Union douanière, qui regroupe la Russie, la Biélorussie et le Kazakhstan ont été approfondies et un accord de libre-échange négocié avec le Vietnam. Les dernières questions techniques relatives à l’Union économique eurasiatique, qui doit voir le jour le 1er janvier 2015, et accueillir en plus l’Arménie et le Kirghizistan, ont été finalisées. Enfin, la Russie a annoncé vouloir mettre fin au projet de pipeline South Stream qui devait alimenter l’Union Européenne via le territoire Bulgare, marquant ainsi sa volonté de s’appuyer sur sa situation de fournisseur principal des européens pour utiliser à son avantage ce qu’on a qualifié de « géopolitique des tubes ».

 

 

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